Le statut juridique du travailleur indépendant : quel statut choisir?

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Par Guillaume DELEMARLE
Guillaume DELEMARLE
Expert-comptable avec plus de 9 ans d'expérience. Spécialisé dans l'accompagnement des TPE et créateurs d'entreprise.
L'article en bref
  • Le freelance doit choisir un statut juridique adapté : micro-entreprise, portage salarial, EURL ou SASU.
  • La micro-entreprise est simple et économique, mais limitée par des plafonds de chiffre d'affaires.
  • Le régime réel convient aux activités générant des revenus plus élevés grâce à des déductions de charges.
  • Le portage salarial combine indépendance et protection sociale du salarié.
  • L'EURL et la SASU permettent de structurer l’activité sous forme de société, avec des options fiscales variées.
  • Chaque statut implique des différences en termes de cotisations sociales, fiscalité et gestion administrative.
Sommaire

Le travailleur indépendant (ou freelance) se définit comme un professionnel qui travaille à son compte pour des clients qu’il choisit. Il peut évoluer sous le statut de l’entreprise individuelle ou de son extension l’Entreprise Individuelle.

Il doit alors choisir entre le régime de l’auto-entreprise ou le régime du réel à l’impôt sur le revenu. Le freelance peut aussi opter pour le statut hybride du portage salarial dans lequel il signe un contrat de travail avec une société de portage. Dans tous les cas, le freelance devra attribuer une adresse administrative à son activité.

Podcast : Choisir son statut juridique et se lancer en tant que freelance ?

Le statut d’indépendant

Un freelance ou travailleur indépendant est un professionnel qui travaille à son propre compte pour des clients. Juridiquement ce qui oppose le travailleur indépendant d’un salarié, c’est l’absence de lien de subordination.

C’est un chef d’entreprise qui exerce en solo. Il doit déclarer son activité en optant pour un statut juridique.

Il aura le choix entre ces différents statuts :

  • L’entreprise individuelle ou son extension l’Entreprise Individuelle

  • Le portage salarial

  • La société unipersonnelle (EURL, SASU) est un statut juridique ouvert aux personnes qui entreprennent seules. La société peut être un choix juridique dès le démarrage de l’activité. On ne parlera pas de « freelance » dans ce cas, puisque le dirigeant n’exerce pas à son compte, il tient le rôle de représentant légal d’une personne morale.

Les caractéristiques du statut Indépendant sont la liberté de choisir ses horaires, ses honoraires et ses missions. Le statut indépendant offre une réelle liberté au freelance.

Pour explorer en détail les étapes pour devenir travailleur indépendant et choisir le statut adapté, consultez notre article dédié.

L’entreprise individuelle :

Le statut juridique habituel du freelance

L’entreprise individuelle est un statut juridique où le dirigeant exerce à son compte. En tant qu’entrepreneur individuel, il peut évoluer sous le régime fiscal et social :

  • des micro-entreprises unifiées (anciennement auto-entreprise et micro-entreprise)
  • du réel à l’impôt sur le revenu

Ce choix donne lieu à des différences entre les statuts juridiques possibles pour se lancer dans l’entrepreneuriat.

La micro entreprise unifiée ou auto-entreprise pour devenir entrepreneur

L’auto-entreprise est un régime fiscal et social relatif au statut juridique de l’entreprise individuelle. L’auto-entrepreneur est affilié à la Sécurité sociale des indépendants (anciennement Régime Social des Indépendants - RSI) pour la gestion de ses prestations sociales obligatoires.

Le régime social de l’auto-entrepreneur

Le régime de l’auto-entreprise est très prisé des freelances. Le calendrier de paiement et l’assiette de calcul des cotisations sociales sont mensualisés dans le cas de l’auto-entreprise. Ils correspondent à :

  • 12.8 % du chiffre d’affaires mensuel ou trimestriel (selon l’option formulée) pour les activités commerciales
  • 22 % du chiffre d’affaires mensuel ou trimestriel (selon l’option formulée) pour les activités de prestation de service et les activités libérales

La fiscalité de l’auto-entrepreneur

Concernant la fiscalité, l’auto-entrepreneur est soumis au régime des micro-entreprises, c’est-à-dire qu’il déclare son chiffre d’affaires annuel au barème de l’impôt sur le revenu de son foyer fiscal dans la catégorie :

Cette donnée fait l’objet d’un abattement fiscal égal à :

  • 71 % pour les activités industrielles et commerciales relevant des BIC
  • 50 % pour les activités artisanales et les prestations de services relevant des BIC
  • 34 % pour les activités libérales relevant des BNC

L’auto-entrepreneur évolue en franchise en base de TVA. Ses obligations comptables sont simplifiées.

Le régime de l’auto-entreprise cesse de plein droit lorsque l’entrepreneur réalise un chiffre d’affaires annuel supérieur à :

  • 170.000 euros pour les activités commerciales
  • 70.000 euros pour les prestations de services et les activités libérales

Le régime du réel à l’impôt sur le revenu pour devenir freelance

Le dirigeant de l’entreprise individuelle peut aussi opter pour le régime du réel à l’impôt sur le revenu (notamment s’il dépasse le plafond de chiffre d’affaires de l’auto-entreprise).

Le régime social du travailleur indépendant au réel à l’impôt sur le revenu

Il est affilié à la Sécurité sociale des indépendants, mais le calendrier de paiement et le taux de cotisations sociales est différent de l’auto-entreprise. Les cotisations sociales représentent environ 45 % du résultat annuel de l’entreprise individuelle (chiffre d’affaires diminué des charges déductibles de l’activité de freelance).

La fiscalité du travailleur indépendant au réel à l’impôt sur le revenu

Concernant la fiscalité, le freelance est soumis au régime du réel à l’impôt sur le revenu, c’est-à-dire qu’il déclare son résultat annuel au barème de l’impôt sur le revenu de son foyer fiscal, dans la catégorie :

  • des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) pour les activités commerciales, industrielles, artisanales et de prestations de services
  • des Bénéfices Non Commerciaux (BNC) pour les activités libérales

Le résultat annuel correspond au chiffre d’affaires annuel hors taxes diminué des charges déductibles.

Le freelance au régime du réel à l’impôt sur le revenu est soumis à la TVA. Ses obligations comptables sont renforcées.

Les avantages et inconvénients des statuts juridiques pour devenir freelance

Voici pour résumer les principaux avantages et inconvénients des statuts juridiques :

 

Avantages

Inconvénients

Entreprise individuelle

  • Pas de cotisations si pas de chiffre d’affaire

  • Création gratuite

  • Peu de formalités et pas de comptabilité

  • Pas de patrimoine d’affectation

Le portage salarial : entre contrat de travail et freelance

Le portage salarial est un statut juridique hybride, à mi-chemin entre le travail indépendant et le salariat. Un professionnel « porté » réalise librement ses prestations pour ses clients, mais via l’intermédiaire d’une société de portage qui l’emploie.

La société de portage encaisse le chiffre d’affaires du travailleur indépendant et le lui reverse sous forme de salaire (déduction faite des cotisations sociales et des cotisations chômage). Elle gère également la comptabilité et les obligations administratives du freelance « porté ». Elle l’intègre généralement dans un réseau de professionnels de son secteur pour l’aider à trouver des missions.

Pour résumer, voici les principaux avantages et inconvénients de ce statut juridique :

 

Avantages

Inconvénients

Portage salarial

  • Avantages de l’entrepreneur individuel : choix des missions, de leurs coûts, de ses horaires…

  • Couverture sociale complète, identique à celle du salarié

  • Absence de gestion administrative (gérée par la société de portage

  • Accompagnement : formation et réseau.



 

  • Frais de gestion prélevés par la société de portage.

  • Cotisations sociales plus importantes que celle d’un indépendant.

La société unipersonnelle (EURL, SASU) pour sortir du travail indépendant

Il arrive que le travailleur indépendant décide de sortir de la configuration du freelance pour créer une personne morale à part entière. S’il est seul, on parle de société unipersonnelle :

Les formalités de création et de gestion d’une société équivalent à l’entreprise individuelle au régime du réel (elles sont légèrement plus conséquentes, notamment concernant la rédaction des statuts constitutifs et la tenue de procès-verbaux d’assemblée générale).

L’EURL pour créer une entreprise

Le dirigeant de l’EURL est soumis de plein droit au régime du réel à l’impôt sur le revenu, dans les mêmes conditions que l’entreprise individuelle au régime du réel à l’impôt sur le revenu.

Il peut opter pour le régime de l’impôt sur les sociétés. Dans ce cas, la rémunération versée par l’EURL à son dirigeant est déductible du résultat de la société :

  • ce n’est pas le résultat de l’entreprise, mais la rémunération qui est soumise aux cotisations sociales
  • la rémunération est également soumise au barème de l’impôt sur le revenu du foyer fiscal du dirigeant
  • la société paye l’impôt sur les sociétés sur la base de son résultat
  • le dirigeant peut prélever un dividende lorsque la société est bénéficiaire

La SASU et la création entreprise

Le dirigeant de la SASU est affilié au régime général de la Sécurité sociale. Ses cotisations sociales représentent environ 70 % de la rémunération que lui verse sa société. Celle-ci est soumise au régime de l’impôt sur les sociétés :

  • la rémunération est soumise au barème de l’impôt sur le revenu du foyer fiscal du dirigeant
  • la société paye l’impôt sur les sociétés sur la base de son résultat
  • le dirigeant peut prélever un dividende lorsque la société est bénéficiaire

Voici pour récapituler les principaux avantages et inconvénients des statuts juridiques :

 

Avantages

Inconvénients

EURL

  • Choix entre IR et IS définitif

  • Régime du réel à l’impôt

  • Difficile de se verser des dividendes

  • Moins de liberté de gestion

SASU

  • Dividendes possibles

  • Régime général de la sécurité sociale

  • Liberté de gestion

  • Option possible pour l’IR pendant les 5 premières années

Freelance, quel statut juridique choisir ?

 

 

Pour vous aider à choisir le statut juridique adapté à votre situation pour votre création d'entreprise voici un simulateur de statut :

Quel est le meilleur statut juridique pour un Freelance ?

Pour choisir le statut juridique le mieux adapté à vos envies et à votre activité, il faudra vous renseigner en profondeur. Chaque situation est unique et le statut juridique freelance n’est pas toujours évident.

Vous pouvez également décider de faire appel à l’Expert-comptable.com qui vous aidera à créer votre entreprise en ligne, de la rédaction de vos statuts jusqu’à la réception de votre Kbis. Ce service se fait 100% en ligne, porteur de gain de temps et d’efficacité ! N’hésitez pas à nous contacter ou consulter notre site internet pour plus d’infos à ce propos !

Les étapes pour devenir travailleur indépendant

Choisir le nom de son entreprise

Dans le cas d’une entreprise individuelle, le nom est souvent celui de l’entrepreneur. Il est aussi possible de choisir un autre nom afin de se distinguer par exemple. Pour cela il faudra vérifier sa disponibilité auprès de l’INPI.

La domiciliation de l’entreprise du travailleur indépendant

Attribuer une adresse de domiciliation , c’est-à-dire une adresse officielle et administrative, est une obligation légale pour toute création d’entreprise. En tant que freelance, vous pouvez domicilier votre entreprise chez vous :

  • à condition que votre bail ou votre règlement de copropriété ne l’interdise pas expressément
  • que cette adresse de domiciliation ne dure pas plus de 5 ans en cas de création d’une société unipersonnelle

Dans tous les cas, vous pouvez domicilier votre activité de freelance dans un local à usage professionnel, un bureau, une société de domiciliation ou un hôtel d’entreprise qui propose ce type d’hébergement administratif.

Les formalités de création selon le statut juridique travailleur indépendant choisi

Créer son EI et devenir freelance

La première étape pour se lancer dans l’entrepreneuriat est de protéger son patrimoine personnel.

Il est possible pour l’entreprise individuelle de faire une déclaration d’insaisissabilité afin de protéger son patrimoine personnel. Cela n’est pas obligatoire et a un certain coût.

Quel que soit votre choix, il faudra ensuite effectuer les démarches et déposer les documents demandés au CFE compétent. Cette compétence dépend de l’activité. Suite à cela, l’entreprise individuelle sera immatriculée.

Créer sa société et devenir entrepreneur

La rédaction des statuts

Pour devenir travailleur indépendant via une société, la première étape sera celle de la rédaction des statuts. Cette étape est primordiale et il vaut mieux être accompagné pour celle-ci. La solution la moins chère reste la LegalTech. Vous pouvez aussi décider de vous faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable.

Déposer le capital social

Les apports en numéraires doivent être déposés sur un compte bloqué. A la suite de cela, l’entrepreneur obtient une attestation de dépôt de capital.

Il est également possible d’effectuer des apports en nature dont il faudra estimer la valeur.

Publier une annonce au JAL

Un avis de constitution doit être publié dans le journal d’annonces légales du département du siège social. Le prix de cette publication varie d’un département à l’autre.

Le dépôt du dossier au CFE

Suite à toutes ces étapes, il faudra réunir toutes les pièces nécessaires au dépôt du dossier d’immatriculation au CFE. Encore une fois, ce dépôt a un coût.

Un extrait Kbis vous sera remis quelque temps après le dépôt.

Les étapes pour devenir indépendant

 

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