Vous souhaitez développer une activité d’indépendant, mais hésitez entre le statut de freelance et le portage salarial ? Protection sociale, charge administrative et rémunération, les différences sont nombreuses entre ces deux statuts. Voici tout ce qu’il faut savoir pour choisir entre portage salarial et freelance.
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Freelance et portage salarial : définition
Qu’est-ce qu’un freelance ?
Un freelance est un travailleur indépendant qui exerce une activité professionnelle sans lien de subordination, ni contrat de travail avec un employeur. Contrairement aux salariés, les freelances réalisent des missions temporaires pour différents clients, souvent formalisées par un contrat de prestation de services.
Pour devenir freelance, vous avez le choix entre plusieurs statuts juridiques :
- l’entreprise individuelle (EI) classique ;
- l’EI au régime de la micro-entreprise (ou auto-entreprise) ;
- la société unipersonnelle (SASU ou EURL).
Qu'est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial repose sur une relation tripartite entre un salarié porté, une entreprise cliente et une société de portage. Le professionnel indépendant trouve ses missions et négocie directement ses tarifs avec ses clients. Une fois le contrat signé, la société de portage facture les prestations, prélève les charges et reverse un salaire au salarié porté.
Ce statut combine liberté et sécurité. Le porté travaille en totale autonomie tout en bénéficiant de la protection sociale d’un salarié traditionnel. Plus besoin de gérer la comptabilité ou l’administratif puisque la société de portage s’en charge aussi.
Le fonctionnement du portage salarial est réglementé par le Code du travail.
C'est quoi la différence entre portage salarial et freelance ?

Le statut juridique
Le freelance doit choisir un statut pour exercer son activité. Micro-entreprise, entreprise individuelle, EURL ou SASU, chaque option a ses règles, ses charges et ses obligations comptables.
En portage salarial, vous n’avez aucune entreprise à créer. Vous signez votre contrat, réalisez vos missions et recevez votre salaire. Il s’agit d’une solution clé en main pour entreprendre sans contrainte administrative.
La protection sociale
Votre statut a un impact direct sur vos droits à la retraite :
- freelance : en micro-entreprise, en entreprise individuelle classique et en EURL, vous avez le statut de travailleur non salarié (TNS). Votre régime de cotisation retraite est moins avantageux. En SASU, vous avez le statut d’assimilé-salarié, mais vous cotisez seulement si vous vous versez une rémunération ;
- salarié porté : vous bénéficiez des mêmes droits à la retraite que les salariés du privé.
Le freelance ne cotise pas à l’assurance chômage, quel que soit son statut social. Il ne peut donc pas toucher l’allocation de retour à l’emploi (ARE) au titre de son activité d’indépendant. Le salarié porté, lui, bénéficie des droits au chômage comme un salarié classique. En cas de perte d’activité, il peut toucher les allocations chômage sous réserve de remplir les conditions d’éligibilité (comme la durée de travail et l'inscription comme demandeur d'emploi à France Travail).
La fiscalité
L’imposition du freelance dépend du statut juridique choisi :
- un auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur) est imposé sur son chiffre d’affaires avec un régime simplifié ;
- pour un entrepreneur individuel ou un dirigeant de société (EURL, SASU), l’imposition porte sur les bénéfices, avec un choix possible entre l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés.
Chacun de ces statuts implique des obligations fiscales et comptables différentes.
En portage salarial, votre rémunération est soumise au prélèvement à la source, comme un salarié. La société de portage déduit directement les charges et impôts avant de vous verser votre salaire. Pas de déclaration complexe à gérer, tout est automatisé.
La gestion comptable
Le freelance doit suivre sa comptabilité, établir ses factures et déclarer son chiffre d’affaires lui-même. Avec le portage salarial, la société encaisse les paiements et gère les déclarations obligatoires. Vous recevez un salaire net après déduction des charges.
Le mode de rémunération
En freelance, vous fixez librement votre rémunération en fonction de votre chiffre d’affaires. Il vous revient d’anticiper le paiement de vos cotisations, de vos charges professionnelles et de vos impôts.
Pour calculer votre salaire en portage salarial, vous devez partir de votre chiffre d'affaires hors taxes. Ensuite, il faut déduire les frais de gestion de la société de portage (entre 5 et 10 %), les charges patronales et les charges fiscales. Ce qui reste après ces déductions constitue votre salaire brut, sur lequel seront appliquées les cotisations sociales pour obtenir le salaire net. Vous aurez une fiche de paie. Notez qu’en portage salarial, la rémunération mensuelle minimale brute totale ne peut pas être inférieure à 2 517,13 €.
Si le salarié porté n’a pas de mission pendant une période, il n’est pas rémunéré. Cependant, l'entreprise de portage peut lui verser une indemnité, appelée allocation de prospection, pendant 3 mois maximum. Pour cela, le salarié porté doit avoir des fonds disponibles sur son compte d'activité.
Freelance | Salarié porté | |
Statut juridique | Micro-entreprise, entreprise individuelle, EURL ou SASU | Pas besoin de créer d'entreprise Formalisation par un contrat de travail |
Protection sociale | Travailleur non salarié (TNS) ou assimilé salarié si rémunéré Moins de droits à la retraite Pas de cotisation chômage | Couverture complète (assurance maladie, ARE, retraite, droits à la formation) |
Fiscalité | Imposition sur le chiffre d’affaires (auto-entrepreneur) ou sur les bénéfices (EI, EURL, SASU)
Impôt sur le revenu ou sur les sociétés | Imposition sur le salaire net (prélèvement à la source) |
Gestion comptable | À la charge du freelance. | À la charge de la société de portage |
Mode de rémunération | Salaire fixé de manière autonome | Prélèvement de frais de gestion, des charges patronales et fiscales sur le salaire brut |
Les avantages et inconvénients du portage salarial
Points forts
- Le salarié porté n’a pas besoin de créer une entreprise ni de gérer sa comptabilité ;
- La société de portage prend en charge toutes les démarches administratives, fiscales et comptables ;
- il bénéficie des mêmes droits que les salariés classiques, avec la couverture sociale, la retraite, l’assurance chômage, la mutuelle et la prévoyance ;
- Le salarié porté reçoit un salaire mensuel net et un bulletin de paie ;
- Il reste libre dans le choix de ses missions et de ses tarifs.
Points faibles
- La société de portage prélève des frais de gestion (généralement entre 5 % et 10 %) . Ces coûts réduisent le montant de la rémunération nette du salarié porté ;
- Contrairement à certains statuts d'indépendants (comme les micro-entrepreneurs), le portage salarial n’offre pas d’avantages fiscaux spécifiques. Les cotisations sociales sont les mêmes que pour les salariés classiques.
Notez aussi que le portage salarial n’est pas ouvert à tous les travailleurs indépendants. Vous devez disposer d'une qualification professionnelle de niveau 5 (Bac +2) ou d'une expérience d’au moins 3 ans dans le même domaine.
Le portage salarial n’est pas non plus autorisé pour :
- les activités de services à la personne ;
- les professions médicales au sens du Code de la santé publique ;
- certaines professions constituées en ordres professionnels comme les notaires, les avocats et les architectes.
Les avantages et inconvénients du freelancing
Points forts
- Une rémunération potentiellement plus élevée : le freelance n’a pas de cotisations patronales, ni de frais de gestion. Ses cotisations sociales peuvent être moins élevées selon son statut juridique. Il peut donc moduler sa rémunération en fonction de son chiffre d’affaires et de ses projets à venir ;
- Le choix de la forme juridique : le travailleur indépendant peut choisir le statut juridique qui lui convient (micro-entrepreneur, EURL, SASU, etc.).
Points faibles
- La charge administrative : le freelance doit gérer seul toutes les démarches administratives, fiscales et comptables ;
- Une rémunération instable : les revenus du freelance peuvent être irréguliers, car ils dépendent des missions et des clients qu'il trouve, sans garantie de revenu fixe ;
- Une protection sociale limitée : le freelance n'a pas les mêmes droits à la protection sociale qu'un salarié. Ses cotisations sociales sont moins avantageuses et il ne peut pas toucher l’allocation de retour à l’emploi (ARE).
Comment choisir entre le portage salarial et le freelancing ?
Vous êtes jeune diplômé
Si vous êtes jeune diplômé sans expérience professionnelle, le portage salarial peut offrir un cadre sécurisé avec un salaire stable et des avantages sociaux. Mais attention, vous devez avoir un Bac +2 minimum. Il faudra aussi démontrer votre autonomie pour développer votre activité. Si vous préférez plus de liberté et êtes prêt à gérer votre activité de manière indépendante, devenir freelance sous le statut auto-entrepreneur est une bonne option pour débuter.
Vous êtes un expert confirmé
Si vous avez de l’expérience et un bon réseau, le portage salarial est une bonne solution. Cependant, si vous avez une clientèle fidèle et que vous souhaitez maximiser vos revenus, le freelancing avec un statut comme la SASU ou l'EURL peut offrir plus de liberté et une rémunération potentiellement plus élevée.
Vous êtes un salarié en reconversion
Le statut de freelance est sûrement plus adapté le temps de tester votre marché et d’adapter votre offre. Le portage salarial est conseillé seulement si vous avez déjà de potentiels clients et la certitude de générer du chiffre d’affaires rapidement. N’oubliez pas non plus que la société de portage vous demandera de démontrer votre autonomie dans le développement de votre activité.
Vous êtes retraité
Si vous souhaitez simplement compléter vos revenus de retraité, mieux vaut se tourner vers le statut de freelance. Vous pourrez librement décider de votre niveau de rémunération. Choisir le portage salarial implique que votre chiffre d’affaires sera forcément supérieur à 2 517,13 € brut. Cela peut avoir des conséquences sur votre pension de retraite.
Freelance et portage salarial : comparaison des coûts et de la fiscalité
Statut | Charges sociales | Imposition |
Micro-entrepreneur | Entre 12,3 % et 24,6 % du chiffre d'affaires | Impôt sur le revenu (IR) ou versement libératoire (1 % à 2,2 % du chiffre d'affaires) |
Entrepreneur individuel | Environ 45 % à 50 % des bénéfices | Bénéfice net soumis à l'impôt sur le revenu (IR) |
EURL | 45% du salaire brut si le dirigeant est rémunéré, sinon cotisations minimales pour la retraite | Impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS), avec possibilité de rémunération en salaire ou dividendes |
SASU | Environ 70 % du salaire brut pour le président assimilé salarié | Par défaut, impôt sur les sociétés (IS), option possible pour l'impôt sur le revenu (IR) pendant 5 ans |
Portage salarial | Environ 45 % de la rémunération brute (part salariale et patronale) | Pas d'impôt spécifique, les charges sont gérées par la société de portage Coûts de gestion (5 % à 10 %) |
Prenons l'exemple de M. X qui exerce une activité libérale et supposons que sa base d’imposition est de 40 000 € pour le calcul de ses cotisations sociales.. Voici le montant qu’il devra payer selon son statut :
- auto-entrepreneur : 9 840 €
- EI au régime réel et EURL : 18 000 €
- SASU : 28 000 €
- portage salarial : 18 000 €
Attention, cette simulation de coûts a ses limites, car la méthode de calcul des charges sociales n’est pas la même pour tous ces statuts. L'auto-entrepreneur est imposé sur la totalité de son chiffre d'affaires, avec un calcul forfaitaire des cotisations sociales et un impôt libératoire possible. En revanche, l'EI au régime réel est imposé sur son bénéfice. Pour l'EURL, la SASU et le portage salarial, la base de calcul est la rémunération brute.
Concernant l’imposition sur les bénéfices, des différences existent aussi selon les statuts et selon le régime fiscal (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés). Il faut aussi tenir d’autres variables, comme les exonérations fiscales et le montant de vos charges professionnels.
Pour bien choisir, il est recommandé de faire appel à un expert-comptable.
Peut-on cumuler portage salarial et freelance ?
Oui, la loi autorise un salarié à exercer une activité indépendante en plus de son emploi principal. En théorie, vous pouvez donc cumuler portage salarial et le freelancing. Libre à vous de choisir votre statut juridique (auto-entrepreneur, SASU, etc.).
En pratique, vous devez vérifier que votre contrat de portage ne contient pas de clauses exclusives. Certaines sociétés de portage imposent des restrictions sur l'exercice d'autres activités professionnelles parallèles.
Notez aussi qu'il est interdit de cumuler ces deux statuts pour un même client, sauf si les missions sont clairement distinctes et indépendantes.
Enfin, vous devez respecter la durée maximale de travail applicable en France (10 heures par jour, 48 heures par semaine).
Soyez vigilant lors de la déclaration de vos revenus aux impôts. Vous devez déclarer séparément vos revenus issus du portage salarial et ceux de votre activité indépendante.
Le cumul entre portage salarial et la micro-entreprise est particulièrement intéressant pour :
- diversifier les types de clients (professionnels en portage et particuliers en micro-entreprise) ;
- optimiser la gestion des plafonds de la micro-entreprise ;
- bénéficier de la protection sociale d'un salarié tout en conservant la flexibilité du statut d'indépendant.
Quelles sont les étapes pour passer du freelance au portage salarial (et inversement) ?
Pour passer du freelance au portage salarial, vous devez :
- trouver un client avec lequel vous pouvez signer un contrat commercial de prestation de service ;
- vérifier la compatibilité de la mission avec les critères légaux du portage salarial ;
- choisir une entreprise de portage salarial ;
- sélectionner votre contrat de travail (CDD ou CDI) ;
- signer un contrat commercial de prestation de portage salarial.
Si vous souhaitez quitter votre société de portage pour devenir freelance, vous devez dans un premier temps prévenir l'entreprise de portage selon les délais et modalités définis dans votre contrat. Il faut ensuite choisir un statut juridique et effectuer les formalités de création d’entreprise.
Dans les 2 cas, il est indispensable d’informer vos clients de ce changement de statut. Vous devez aussi vous assurer que vous êtes à jour pour le paiement de vos cotisations sociales et de vos charges fiscales.
Questions & réponses