Les charges d'exploitation en comptabilité

Votre banquier, votre assureur, le représentant en charge de votre dossier de demande de subvention, tous vous parlent de vos charges d'exploitation mais vous percevez difficilement les contours de cette notion et cela vous agace de rester dans le flou.

Que représente ce terme ? Quels sont les éléments qui entrent dans cette catégorie ? Faisons le tour ensemble de toutes ces questions !

Qu’est-ce qu’une charge d’exploitation ? Définition

Que désignent les charges d’exploitation en comptabilité ?

Les charges d’exploitation désignent l’ensemble des dépenses qu’une entreprise engage pour assurer son bon fonctionnement afin que l’exploitation de son activité lui permette de générer du chiffre d’affaires. Il peut s’agir de l’acquisition de matières premières ou de marchandises, des salaires du personnel ou encore des différents abonnements souscrits (téléphonie, Internet, assurances, etc.).

Elles se distinguent des charges financières ou des charges exceptionnelles en ce sens qu’elles ne portent pas sur les modalités de financement requises pour répondre aux besoins de l’activité (ex : emprunts bancaires, escomptes consentis, etc.). 

Les charges d’exploitation n’incluent pas non plus les dépenses réalisées à titre exceptionnel (amendes administratives, pénalités, etc.). Ainsi, le règlement ANC n°2014-03 dans sa version consolidée et réformant le PCG pour 2025, définit le résultat exceptionnel comme résultant de produits et de charges imputables à « un événement majeur et inhabituel ».

Que traduisent les charges d’exploitation dans le résultat d’exploitation ?

Il est essentiel pour une société de bien connaître ses charges d’exploitation. Et pour cause, celles-ci sont une composante du calcul du résultat d’exploitation, que l’on retrouve dans le compte de résultat à produire chaque année. 

Le résultat d’exploitation est un indicateur clé de gestion de l’entreprise. En effet, il traduit son niveau de performance, ainsi que la rentabilité de son modèle économique. Il se calcule selon la formule suivante : 

Résultat d’exploitation = Produits d’exploitation - Charges d’exploitation

Dès lors que les produits sont supérieurs aux charges, la société est bénéficiaire. Dans le cas contraire, elle accuse une perte qu’il est impératif de combler. À ce titre, une estimation précise du montant des charges de gestion courante permet alors d’évaluer l’importance du déficit et de réajuster la stratégie économique en conséquence.

Le plan comptable général a fait l’objet d’une mise à jour au 1er janvier 2025. Ainsi, les transferts de charge anciennement comptabilisés dans le compte 791 sont désormais affectés aux comptes dédiés, soit :

• le compte 649 « Remboursement des charges de personnel » ;

• le compte 708 « Refacturations diverses » ;

• le compte 7587 « Indemnités d’assurances » ;

• le compte 6419 « Remboursement sur rémunérations du personnel ».

Où se trouvent-elles ?

Commençons par l’origine de cette notion.

En comptabilité, les charges d’exploitation apparaissent au compte de résultat de votre liasse fiscale. Sur cette dernière, votre assureur, votre banquier n’obtiendront que peu de précisions quant à l’évolution de l’activité de votre entreprise. En effet, on ne retrouve que les grandes catégories de charges :

• achat de marchandises ;

• variation de stock ;

• autres Achats ;

• autres Charges externes ;

• impôts et taxes ;

• rémunération du personnel ;

• charges Sociales ;

• dotations aux amortissements ;

• autres Charges.

Que représentent-elles ?

Maintenant que vous commencez à percevoir les contours de ce que peuvent être les charges d’exploitations, voyons en quoi c’est important pour la bonne marche de votre entreprise.

Comme le médecin, qui ne tiendrait compte que du chiffre de votre poids pour vous traiter, le banquier ne va prendre que les grandes lignes dont il dispose pour valider un prêt ou continuer à vous accorder un prêt.

En effet, ces charges d’exploitation représentent la manière dont vous avez travaillé au cours de l’année. C’est la synthèse de tout ce dont vous avez eu besoin pour faire fonctionner votre entreprise.

À travers les charges d’exploitation, on peut lire l’évolution de votre marge, l’évolution de votre masse salariale ainsi que l’usure de votre équipement de production.

Comment les analyser ?

La Marge 

Premier indicateur de votre activité économique, la marge va vous indiquer les gains que vous avez faits sur les matières que vous avez vendues. C’est ce qui sert à financer le fonctionnement de l’entreprise qui a vendu ces matières ou ces produits.

Cette partie est variable en fonction de vos ventes.

Les Charges Externes et Autres Achats

Cela représente les coûts de fonctionnement de votre atelier ou de votre magasin. Une grande partie de ces charges est fixe, car, que vous ayez vendu quelque chose ou non, il vous faut avoir ouvert votre magasin ou salle d’exposition.

Certaines de ces charges seront variables en fonction du chiffre d’affaires. Le carburant, le téléphone les frais de déplacement. L’analyse de ces charges externes permet de déterminer si le mode de production n’est pas trop onéreux.

Charges fixes et charges variables : comment les distinguer ?

Parmi les différentes charges de gestion courante de l’entreprise, certaines sont de natures fixes et offrent une certaine visibilité, quand d’autres se révèlent variables pouvant moduler le résultat d’exploitation d’un exercice à l’autre. Il convient donc de les différencier.

Les charges fixes

Les charges fixes sont les dépenses liées à l’existence même de la société, indépendamment de l’évolution de son activité. Elles sont incompressibles et sont donc à acquitter, quels que soient les résultats de l’entreprise, quand bien même son chiffre d’affaires s’élève à zéro. 

Les charges fixes, également nommées « charges structurelles », comprennent les dépenses suivantes : 

• les loyers ;

• les assurances ;

• les salaires sans variables (personnel administratif par exemple) ;

• certains honoraires (expert-comptable, avocat, etc.) ;

• amortissement des immobilisations.

Les charges variables

Également désignées sous le terme de « charges opérationnelles », elles évoluent au même rythme que le volume de l’activité. L’entreprise en pleine croissance voit donc ses charges variables augmenter pour permettre son développement.

On compte parmi elles les dépenses suivantes : 

• l’achat de marchandises ou de matières premières pour soutenir la production et la vente ;

• la consommation énergétique ;

• les frais de sous-traitance (frais de transport, de stockage, etc.) ;

• etc.

Savoir différencier les charges fixes des charges variables constitue un atout majeur pour orienter la politique commerciale de l’entreprise. Cela permet notamment de disposer de données chiffrées sur la performance d’un produit spécifique, ou d’une famille de produit et d’en mesurer l’impact sur la rentabilité globale de l’activité.

La Rémunération du Personnel

Cette partie de vos charges d’exploitation est une des plus sensibles. Car contrairement aux charges précédentes, le facteur humain rentre en ligne de compte et surtout la motivation et la compétence de chacun va influer sur un élément important à savoir le chiffre d’affaires.

En effet, un salarié compétent va vous faire gagner de l’argent car il vous dégage une marge supplémentaire supérieure à son coût, charge incluse. A contrario un salarié peu impliqué dans son travail va vite devenir un poids pour l’entreprise, qui risque en partie son image de marque.

Les Charges sociales

Il faut bien distinguer deux choses au sein de ces charges :

• celles de votre personnel : variables en fonction de la masse salariale ;

• celle vous concernant en tant qu’exploitant : variable, mais sur une échelle de temps plus longue.

Cette partie des charges n’apparaît jamais en temps réel comme équivalente à celle présentée dans la trésorerie. Donc attention aux régularisations provisionnées dont vous parle votre chargé de clientèle. Elles comptent dans le bilan d’une année mais ne sont pas encore payées. Il faut penser à les mettre de côté en prévision du paiement.

Faut-il inclure les amortissements dans les charges d’exploitation ?

C’est une charge qui pourrait être considérée comme fictive. En effet, elle est là pour rappeler au chef d’entreprise que son matériel s’use. Elle n’a pas son pendant directement en trésorerie.

C’est pourquoi votre banquier va la retraiter avant de calculer votre capacité d’autofinancement pour un prêt matériel. Cette charge est un indicateur qu’un investissement va bientôt être nécessaire.

Comment calculer le total des charges d’exploitation ?

Le calcul des charges d’exploitation s'opère en totalisant l’ensemble des charges listées dans le compte de résultat de la liasse fiscale, dès lors qu’elles contribuent au bon fonctionnement de l’activité.

Elles comprennent également les autres charges d’exploitation des catégories suivantes : 

• les impôts et les taxes résultant du paiement des salaires (contribution à la formation professionnelle, taxe d’apprentissage, etc.) ;

• les autres charges de gestion courante (factures impayées ou pertes sur créances irrécouvrables, paiement de droits d’auteur et de reproduction, licences, redevances pour concessions, etc.).

Toutefois, connaître le total des charges d’exploitation ne suffit pas pour évaluer précisément la rentabilité de l’activité. En complément d'information, mieux vaut également établir la part que représentent les charges d’exploitation en pourcentage sur le chiffre d’affaires généré, en calculant la marge d’exploitation. 

Pour ce faire, il convient d’abord de définir le résultat d’exploitation, selon la formule de calcul suivante : 

Résultat d’exploitation = Produits d’exploitation - Charges d’exploitation

Doté de ces éléments, la marge d'exploitation se calcule comme suit : 

Marge d’exploitation = Résultat d’exploitation / Chiffre d’affaires réalisé

Comment optimiser ses charges d’exploitation ?

Nous avons constaté l’importance des charges d’exploitation et leur impact sur la performance de l’activité. En outre, elles peuvent constituer une variable d’ajustement dès l’instant que l’on cherche à les optimiser. Pour cela, plusieurs options s’offrent au chef d’entreprise : 

• Réduire les charges inutiles (chasse au gaspillage de matières premières, rationalisation des frais de transport ou de conditionnement, etc.) ;

• Renégocier ses partenariat avec les fournisseurs ;

• Recourir à des logiciels de gestion permettant la centralisation et l’automatisation du traitement des données chiffrées (tableaux de bord, graphiques, etc.) ;

• Externaliser certaines prestations.

La masse salariale peut également faire l’objet d’une révision pour optimiser ses charges d’exploitation. Bien que la réduction des effectifs s'avère bien souvent impopulaire au sein du personnel, cette mesure constitue néanmoins une alternative à considérer pour tenter de préserver sa trésorerie en cas de difficulté.

Vous détenez désormais les clés vous permettant d’étudier le mode de fonctionnement de votre entreprise. En maniant votre bilan comme un véritable tableau de bord reflétant la santé de votre entreprise, vous serez à même de répondre aux questions de votre banquier et de votre assureur sur votre activité. D’autres interrogations subsistent ? Rapprochez-vous de L-Expert-Comptable.com et profitez des conseils de professionnels qualifiés pour mieux comprendre vos charges d’exploitation et prendre les décisions stratégiques qui s’imposent.

FAQ sur les charges d'exploitation en comptabilité

Comment distinguer une charge d’exploitation d’un investissement ?

Une charge d’exploitation correspond à une dépense qui profite à l’entreprise sur une courte durée, généralement dans l’exercice en cours. Un investissement, en revanche, concerne une dépense destinée à générer des avantages économiques sur plusieurs années, comme l’achat d’un véhicule, d’un local ou d’un matériel informatique. Les investissements sont comptabilisés en immobilisations et amortis, alors que les charges d’exploitation sont directement enregistrées dans le compte de résultat.

Les charges d’exploitation sont-elles déductibles du résultat imposable ?

Oui, la plupart des charges d’exploitation sont déductibles fiscalement à condition qu’elles soient engagées dans l’intérêt de l’entreprise, justifiées par une facture et enregistrées dans la comptabilité. Cela inclut les achats, loyers, salaires, charges sociales et dépenses courantes. Les charges à caractère personnel ou non justifiées ne sont pas déductibles.

Pourquoi analyser le ratio charges d’exploitation sur chiffre d’affaires ?

Le ratio charges d’exploitation / chiffre d’affaires permet de mesurer la part des dépenses nécessaires au fonctionnement de l’entreprise par rapport à ses revenus. Plus ce ratio est élevé, plus la structure est coûteuse à faire fonctionner. Cet indicateur aide à évaluer la performance opérationnelle, à identifier des sources d’économies et à suivre l’évolution de la rentabilité dans le temps.

Comment réduire les charges d’exploitation sans nuire à la performance ?

Pour diminuer ses charges d’exploitation sans dégrader la qualité ni la productivité, une entreprise peut rationaliser ses achats, mutualiser certains coûts, automatiser des processus administratifs, négocier des tarifs fournisseurs ou recourir à l’externalisation. Le suivi budgétaire et l’analyse de rentabilité par poste de dépense sont essentiels pour cibler les économies possibles sans fragiliser l’activité.

Quelles erreurs éviter dans la gestion des charges d’exploitation ?

Les erreurs les plus fréquentes consistent à confondre charge et investissement, à ne pas distinguer les charges fixes des variables, ou encore à négliger leur impact sur la trésorerie. Une autre erreur courante est l’absence de suivi régulier : sans tableau de bord ou logiciel de gestion, il devient difficile d’anticiper les dépassements budgétaires. Une comptabilité analytique claire permet d’éviter ces pièges et d’assurer une vision fiable de la performance économique.