Amortissement en comptabilité (linéaire et dégressif) : Définition, Calcul

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Par Guillaume DELEMARLE
Guillaume DELEMARLE
Expert-comptable avec plus de 9 ans d'expérience. Spécialisé dans l'accompagnement des TPE et créateurs d'entreprise.
L'article en brefL'amortissement, une notion clé de la comptabilité d'entreprise, illustre la dépréciation d'un bien dû à l'usure ou à l'obsolescence. Il s'agit d'un mécanisme permettant de répartir le coût d'un actif sur sa durée de vie estimée, reflétant ainsi plus fidèlement la valeur du patrimoine de l'entreprise dans ses comptes. Concrètement, cela signifie ajuster la valeur d'un actif, comme un ordinateur acquis à 1000 euros, pour tenir compte de sa perte de valeur au fil des années. Cette pratique, encadrée par le Plan Comptable Général, assure une vision précise et actualisée du patrimoine de l'entreprise en réduisant la valeur comptable des biens immobilisés via la dotation aux amortissements.

L'amortissement se décline en deux principales méthodes : linéaire et dégressif, offrant une flexibilité dans la gestion comptable des actifs. L'amortissement linéaire divise de manière égale le coût de l'actif sur sa durée de vie, tandis que l'amortissement dégressif accélère la dépréciation lors des premières années, avantageux fiscalement pour certaines acquisitions. La durée de vie des actifs varie selon leur nature, allant de quelques années pour le matériel informatique à plusieurs décennies pour des biens plus durables. À ne pas confondre avec les provisions, qui sont des montants réservés pour couvrir des pertes ou dépenses futures potentielles, l'amortissement reflète la perte de valeur réelle des biens utilisés par l'entreprise, contribuant ainsi à une évaluation plus précise de sa situation financière.
Sommaire

L’amortissement est un terme comptable qui définit la perte de valeur d’un bien immobilisé de l’entreprise, du fait de l’usure du temps ou de l’obsolescence. 

Les immobilisations sont effectivement réévaluées chaque année pour déterminer de manière précise le patrimoine de l’entreprise (dans le bilan comptable). Il s’agit de diminuer la valeur comptable du bien de sa dotation aux amortissements, soit sa perte de valeur annuelle, calculée selon les règles du Plan Comptable Général. La dotation aux amortissements dépend de la durée normale d’utilisation du bien, fixée dans le Plan Comptable Général (entre 5 et 10 ans selon le bien, en général). Elle peut être calculée selon un amortissement linéaire (dépréciation équivalente chaque année) ou selon un amortissement dégressif (dépréciation plus forte au début de l’utilisation du bien).
 

Définition de l’amortissement

L’amortissement est un terme comptable qui désigne la dépréciation d’un bien appartenant à l’entreprise (c’est-à- dire un bien immobilisé). La dotation aux amortissements représente la valeur de cette dépréciation, évaluée selon une méthode comptable légalement fixée.

Pour concrétiser l’amortissement ainsi que la dotation aux amortissements, prenons un ordinateur acquis par l’entreprise pour un montant de 1000 euros HT. Ce bien augmente la valeur de l’entreprise, à hauteur de 1000 euros au moment de l’achat, mais il se déprécie chaque année, du fait de l’usure du temps et de l’obsolescence. Un bien qui vaut 1000 euros à l’instant T vaut beaucoup moins passé quelques années !

Le calcul de la dotation aux amortissements permet de revaloriser le bien à la baisse (ici, l’ordinateur) à l’issue de chaque exercice comptable, et ce pour évaluer finement le patrimoine de l’entreprise.

L’amortissement, quel principe comptable ?

Pour chaque bien immobilisé, l’amortissement doit être enregistré dans la comptabilité de l’entreprise, selon les règles fixées dans le Plan Comptable Général (PCG).

La règle est ainsi : le compte d’amortissement utilisé pour un bien a le même numéro que le compte d’immobilisation auquel il est rattaché, en ajoutant un 8 en seconde position.

Par exemple, le compte 2183 est dédié au matériel informatique immobilisé par l’entreprise. Le compte 28 183 est le compte qui enregistre la dotation aux amortissements dédiée à ce même matériel.

Cette écriture séparée, de l’immobilisation et de sa dotation aux immobilisations, permet de ne pas réduire la valeur d’acquisition du matériel.

L’amortissement dans le bilan de l’entreprise

Le bilan comptable, tableau qui compose les comptes annuels, est réalisé à l’issue de chaque exercice pour montrer le patrimoine de l’entreprise. Le bilan fait apparaître la valeur nette comptable des biens immobilisés, à savoir leur valeur d’acquisition diminuée de leur dépréciation, soit de leur amortissement.

Notez que la valeur nette comptable devient nulle quand le bien est entièrement amorti.

Comment calculer l’amortissement d’un bien

Chaque immobilisation nécessite un calcul de son amortissement annuel. Un tableau des amortissements doit montrer le montant de la dotation aux amortissements pour l’année ; joint en annexe légale des comptes annuels de l’entreprise. 

Quelle est la durée de l'amortissement ?

Pour calculer la dotation aux amortissements relative à la dépréciation d’un bien, il faut suivre les règles du Plan Comptable Général. De manière générale, la durée de dépréciation d’un bien (on parle de « durée normale d’utilisation ») dépend de la nature du bien à amortir. Celui-ci est de :

  • 5 ans pour les immobilisations incorporelles (frais d’établissement, frais de recherche et développement, frais de dépôt de brevet, d’achat d’une licence)
  • de 4 à 10 ans pour les immobilisations corporelles (4 à 5 ans pour un véhicule, 5 à 10 ans pour du mobilier et matériel de bureau, 3 ans pour un ordinateur portable, 5 à 10 ans pour une installation technique...)

Notez qu’il est possible d’appliquer une durée d’amortissement plus courte que celle prévue dans le Plan Comptable Général dans certains cas exceptionnels.

L’amortissement linéaire (ou amortissement constant), quand l'utiliser ?

L’amortissement linéaire consiste à déprécier/amortir le bien par annuité équivalente durant toute sa durée normale d’utilisation (mentionnée dans le PCG). On utilise alors un taux d’amortissement correspondant à la durée d’utilisation. Par exemple, un bien amorti sur 5 ans sera déprécié selon le taux de 20 % chaque année, soit 1/5 par an.

Les formules :

Le taux d'amortissement à la base amortissable du bien concerné est applicable.

Taux d'amortissement linéaire = 1 / durée de vie réelle en années

La date de mise en service du bien correspond au point de départ de l'amortissement linéaire. Lorsqu'elle intervient en cours de mois, il faut appliquer un prorata temporis en jours rapporté sur une année de 360 jours.

Amortissement linéaire de la 1ère et dernière année = base amortissable x taux d'amortissement x prorata temporis / 360

Au titre des années "pleines":

Amortissement linéaire = base amortissable x taux d'amortissement

L’amortissement dégressif

Dans certains cas énumérés par la loi, il est possible d’appliquer des annuités plus importantes durant les premières années d’utilisation du bien. C'est un avantage fiscal accordé aux entreprises.

Le taux utilisé chaque année pour calculer la dotation aux amortissements d’un bien est obtenu en multipliant le taux d’amortissement linéaire par un coefficient fixé par décret (article 39A du Code Général des Impôts).

Les formules :

En premier lieu, il faut déterminer un taux d'amortissement dégressif.

Taux d'amortissement dégressif = taux d'amortissement x coefficient fiscal dégressif

Le montant du coefficient fiscal à appliquer est:

  • 1,25 si la durée d'amortissement est comprise entre 3 et 4 ans
  • 1,75 si la durée d'amortissement est comprise entre 5 et 6 ans
  • 2,25 si la durée d'amortissement est de plus de 6 ans

Concernant le calcul du montant de l'amortissement dégressif:

Amortissement dégressif = Taux d'amortissement dégressif x valeur résiduelle de l'immobilisation

Chaque année, le taux d'amortissement est appliqué à la valeur résiduelle.

Valeur résiduelle = valeur brute - amortissements pratiqués

Si l'amortissement dégressif constaté au titre d'une année devient inférieur à l'amortissement correspondant au quotient de la valeur résiduelle par le nombre d'années restant à courir à compter de l'ouverture de l'exercice, l'entreprise doit alors appliquer la méthode de l'amortissement linéaire sur la valeur nette comptable.

Définition de la provision

Attention, ne confondez pas provision et amortissement. Une provision est un montant mis de côté pour couvrir une dépense future incertaine ou une perte potentielle. Il s'agit donc d'une estimation prudentielle pour se préparer à des événements financiers défavorables. L'amortissement quant à lui a pour but de répartir le coût d'un actif immobilisé (par exemple, une machine, un véhicule ou un bâtiment) sur sa durée de vie utile estimée.

Quand l’amortissement définit la perte de valeur d’un bien immobilisé, la provision symbolise une réserve financière que l’entreprise prévoit pour faire face à certains incidents.

L’entreprise pourra par exemple prévoir une provision pour clients douteux lorsqu’elle fait régulièrement face à des clients mauvais payeurs. Elle anticipe alors sa trésorerie en prenant en compte les risques liés à son environnement.

L'avis de nos clients :
Anonyme 11/09/2024

Deux questions me cassent la tête.

1) Première question

Année 1 on a ACTIF = PASSIF OK

Mais QUID en année 3 ou 4 si on a amorti de 30% certains actifs immobilisés. Comment se contrebalance au PASSIF cette dévalorisation de certains actifs donc de l'ACTIF GLOBAL?

2) Question
Comment peut-on et pourquoi "amortir un terrain"??
A Yaoundé, vu la pression démographique par fuites rurales vers la capitale (2,8 M Hab en 2010 et 4.6 M Hab en 2023!) et pire à Douala la capitale économique c'est plutôt la réévaluation de cet actif qu'est un terrain ou un immeuble qu'il faut faire, non?
Et là encore quelle est ou sont les écritures qui contrebalancent au PASSIF cette modification de la valeur globale de l'ACTIF??

Cordialement

Michel Conac
Yaoundé
Cameroun

L-Expert-Comptable.com 27/11/2024

Bonjour,

1. Lorsque vous amortissez un actif, vous réduisez sa valeur nette comptable (VNC) dans l’actif. Par exemple, un équipement acheté pour 100 000 € avec 30 % d’amortissement au bout de 3 ans aura une valeur nette de :

Valeur nette comptable = 100 000 − (30% × 100 000) = 70 000€

L’actif total diminue donc de 30 000 €.

2. Cette réduction de l’actif est contrebalancée au passif dans les capitaux propres, via une réduction du résultat non distribué (ou réserve). Voici pourquoi :

L'amortissement est enregistré comme une charge dans le compte de résultat.
Cette charge diminue le bénéfice net de l’entreprise.
Le bénéfice non distribué, qui fait partie des capitaux propres, diminue d’autant.
En d'autres termes :

Diminution à l'actif : Valeur des immobilisations.
Diminution au passif : Résultat non distribué (dans les capitaux propres).
Exemple comptable concret :
À l'achat (année 0) :

Actif : +100 000 € (valeur de l'immobilisation).
Passif : +100 000 € (emprunt ou capitaux propres utilisés pour financer l'achat).
Après amortissement (année 3) :

Actif : Immobilisation = 70 000 € (après 30 % d’amortissement).
Passif : Capitaux propres = -30 000 € (réduction due à l’impact de l’amortissement sur le bénéfice).
Ainsi, la diminution de l’actif est exactement compensée par une diminution équivalente dans les capitaux propres, et l'équation ACTIF = PASSIF reste équilibrée.

Points à noter :
L'amortissement ne correspond pas à une sortie de trésorerie, mais il affecte les comptes via une diminution de la valeur de l'actif et une réduction des bénéfices dans les capitaux propres. Certains biens supérieurs à 500 euros HT sont amortis, cependant ce n'est pas le cas des terrains qui ne sont pas amortissables au niveau de l'administration, pour justement cette complication.

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