Bénéfice : définition, abattement, charges déductibles

Dernière mise à jour :
Image
guillaume-delemarle-expert-comptable
Par Guillaume DELEMARLE
Guillaume DELEMARLE
Expert-comptable avec plus de 9 ans d'expérience. Spécialisé dans l'accompagnement des TPE et créateurs d'entreprise.
L'article en brefLes entreprises constatent un bénéfice quand le montant des produits imposables dépasse celui des charges déductibles, un indicateur clé de leur santé financière. Cette différence entre bénéfice et chiffre d'affaires révèle qu'une entreprise peut générer de importantes recettes tout en étant déficitaire si les charges l'emportent sur les revenus. La méthode de calcul du bénéfice imposable varie en fonction du régime fiscal choisi, allant des abattements forfaitaires pour les micro-entreprises à des calculs plus complexes pour celles soumises à l'IR ou l'IS.

Des stratégies d'optimisation fiscale, telles que les amortissements et l'intégration fiscale, peuvent aider à réduire l'imposition sur le bénéfice. Pour les sociétés soumises à l'IS, le bénéfice est imposé au niveau de l'entreprise, tandis que dans les structures soumises à l'IR, l'imposition se fait au niveau des associés. Les micro-entreprises bénéficient d'un régime simplifié avec des abattements forfaitaires, facilitant le calcul du bénéfice imposable et offrant une gestion comptable allégée.
Sommaire

Une entreprise constate un bénéfice lorsque le montant des produits imposables excède celui des charges déductibles. Dans le cas contraire, on parle de déficit. Cela signifie que l'activité est pérenne et que l'entreprise sera imposée sur son résultat. Les règles de détermination et d'imposition du bénéfice dépendent de la forme choisie (entreprise IR, société soumise à l'IS, micro entreprise).

Dans les micro-entreprises, on applique un abattement forfaitaire représentatif des charges de l'entreprise pour déterminer le bénéfice imposable à partir duquel le montant de l'impôt est calculé. Dans une entreprise soumise à l'IR ou à l'IS, le bénéfice imposable est déterminé en soustrayant les charges déductibles du bénéfice de l'entreprise.

Bénéfice : Définition

Le résultat est la différence entre les produits imposables et les charges déductibles.

Comment on calcule le bénéfice ?

Le résultat fiscal est calculé à partir du résultat comptable, auquel on effectue certains retraitements (certaines charges doivent être réintégrées et certains produits doivent être déduits).

Résultat comptable = résultat d'exploitation + résultat financier + résultat exceptionnel

On parle de bénéfice lorsque le résultat est positif. Celui-ci est ainsi soumis à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés, selon le régime d'imposition choisi.

Quelle est la différence entre le chiffre d'affaires et le bénéfice ?

Le bénéfice diffère du chiffre d'affaires qui ne prend en considération que les recettes réalisées par l'entreprise et non les charges. De nombreuses entreprises peuvent réaliser un chiffre d'affaires important tout en étant déficitaire.

Résultat comptable positif = Bénéfice
Résultat comptable négatif = Déficit

Certains régimes d'imposition calculent le bénéfice en appliquant un abattement forfaitaire, représentatif de toutes les charges déductibles.

Quelle est la différence entre le bénéfice brut et le bénéfice net ?

Pour une entreprise, comprendre la différence entre le bénéfice brut et le bénéfice net est essentiel pour évaluer sa santé financière. 

Le bénéfice brut

Le bénéfice brut représente la différence entre le chiffre d'affaires total de l'entreprise (c'est-à-dire l'ensemble des revenus générés par la vente de produits ou services) et le coût des biens vendus (aussi appelé coût des marchandises vendues ou CMV). Ce coût inclut les dépenses directement liées à la production des biens ou services vendus, comme les matières premières et la main-d'œuvre directement impliquée dans la fabrication. Le bénéfice brut donne donc une idée de l'efficacité de l'entreprise à produire et vendre ses produits à un coût favorable.

Formule : Bénéfice brut = Revenus totaux - Coût des biens vendus

Le bénéfice net

Le bénéfice net est le montant qui reste après avoir soustrait toutes les dépenses de l'entreprise du bénéfice brut. Cela inclut non seulement le coût des biens vendus, mais aussi d'autres dépenses opérationnelles comme les salaires, les loyers, les dépenses administratives, les frais de marketing, les intérêts sur les dettes, les taxes, etc. Le bénéfice net est donc un indicateur plus complet de la rentabilité de l'entreprise, car il prend en compte tous les coûts et dépenses liés à l'opération de l'entreprise.

Formule : Bénéfice net = Bénéfice brut - Toutes autres dépenses

En somme, le bénéfice brut montre combien l'entreprise gagne sur ses ventes avant les dépenses indirectes, tandis que le bénéfice net vous montre ce qui reste après toutes les dépenses.

Comment on calcule le bénéfice ?

Le bénéfice et la santé de l'entreprise

Le bénéfice est un bon indicateur pour mesurer la santé d'une entreprise car il synthétise la capacité de celle-ci de générer des liquidités de manière pérenne et d'avoir des produits supérieurs aux charges.

Néanmoins, le bénéfice peut être optimisé afin de réduire son imposition et deux sociétés ayant des situations financières similaires peuvent être imposées sur des bénéfices très différents.

Il existe de nombreux moyens d'optimiser son bénéfice :

  • Les amortissements,

  • Les dispositifs de défiscalisation (suramortissement, exonération de résultat),

  • Le régime mère fille,

  • L'intégration fiscale,

  • L’optimisation entre dividendes et rémunération.

Qu'est-ce qu'un "bon bénéfice" ?

La notion de "bon bénéfice" varie considérablement selon le secteur d'activité, la taille de l'entreprise, la région géographique, et le stade de développement de l'entreprise. Un bon bénéfice est celui qui permet non seulement de couvrir tous les coûts et de générer un surplus, mais aussi de soutenir la croissance future de l'entreprise. Certains critères peuvent permettre d'évaluer si un bénéfice est bon, parmi eux :

  1. Comparaison avec le secteur : Le bénéfice doit être comparé aux normes du secteur. Certaines industries ont des marges bénéficiaires naturellement plus élevées que d'autres. Par exemple, le secteur technologique peut avoir des marges nettes plus élevées par rapport au secteur de la restauration. Analyser des entreprises similaires peut fournir une référence utile.

  2. Croissance des bénéfices : Un bon bénéfice devrait idéalement montrer une tendance de croissance sur plusieurs périodes comptables. La stagnation ou la diminution des bénéfices peut indiquer des problèmes sous-jacents dans les opérations ou la compétitivité de l'entreprise.

  3. Capacité à générer des flux de trésorerie : Au-delà du simple bénéfice net, il est essentiel que l'entreprise génère suffisamment de flux de trésorerie pour soutenir ses opérations, rembourser ses dettes et financer son expansion sans dépendre excessivement du financement externe.

  4. Rendement du capital investi (ROI) : Un bon bénéfice devrait offrir un retour sur investissement attractif par rapport aux alternatives disponibles, en tenant compte du risque. Cela signifie que les profits générés par rapport au capital investi dans l'entreprise devraient surpasser les rendements que l'on pourrait obtenir en investissant dans d'autres actifs avec un niveau de risque similaire.

  5. Durabilité : Les bénéfices ne sont vraiment bons que s'ils sont durables à long terme. Les bénéfices qui dépendent de circonstances non répétables ou de pratiques commerciales non durables peuvent ne pas être bénéfiques pour l'entreprise à long terme.

  6. Impact sur la stabilité financière : Un bon bénéfice devrait contribuer à renforcer la position financière de l'entreprise, en augmentant sa capacité à résister aux périodes de récession ou à d'autres chocs économiques.

Le bénéfice dans une entreprise soumise à l'IR

Dans une entreprise soumise à l'IR (société translucide ou entreprise individuelle), le bénéfice est imposé au niveau de l'entrepreneur individuel ou des associés. L'associé personne physique d'une SNC sera imposé au barème progressif de l'IR sur la quote-part de résultat lui revenant.

Cette quote-part sera déterminée selon les règles des BIC si l'activité est commerciale, artisanale ou industrielle ou selon les règles des BNC si elle est libérale.

Éléments à prendre en compte afin de déterminer le bénéfice :

  • Le chiffre d’affaires : même si ce n’est pas le bénéfice, il en est à l’origine. Il est déterminé pour une année par toutes les factures émises par un artisan commerçant. Pour une personne en BNC soumise au régime des recettes dépenses, on ne prendra en compte que les recettes réellement encaissées sur un exercice,

  • Les achats consommés : les achats réellement utilisés pour les travaux facturés. Pour cela on intègre l’incidence de la variation de stock aux achats de l’année. Avec cette information on peut calculer la marge de l’exercice. Cet indicateur permet de se situé par rapport à la profession,

  • Les autres charges externes : ce sont l’ensemble des frais qui permettent de faire fonctionner l’entreprise. Par contre si une charge a été payée par avance, elle sera retraitée comptablement. On ne prend en compte que les frais et charges correspondant à l’exercice,

  • Les impôts et taxes : certains impôts ne sont pas déductibles (TVA...),

  • Les frais et charges de personnel : On retrouve dans cette catégorie l’ensemble des rémunérations et des charges sociales afférentes au personnel réglées et ou provisionnées au titre d'un exercice,

  • Les amortissements : à l’inverse du capital de l échéance de prêt qui est payé mais qui ne correspond pas à une charge, la dotation aux amortissements est une charge déductible mais qui ne correspond pas à une sortie de trésorerie directe dans l’exercice. Cette charge correspond à l’usure des immobilisations qu’il faudra refinancer à la fin de vie de l’immobilisation,

  • Les frais financiers : on y retrouve la seule partie de l’emprunt qui se déduit dans le compte de résultat : les intérêts. Les agios et les revenus de placement se trouvent dans cette catégorie

Charges déductibles

Globalement, les charges sont déductibles lorsqu'elles remplissent les conditions suivantes :

  • Elles sont exposées dans l'intérêt de l'entreprise,

  • Elles correspondent à une charge effective et sont appuyées de justifications suffisantes,

  • Elles entraînent une diminution de l'actif net,

  • Elles sont comprises dans les charges de l'exercice durant lequel elle a été engagée.

Certaines charges ne sont pas déductibles: les yachts et les bateaux de plaisance, les charges relatives aux résidences de plaisance ou d'agrément, les voitures particulières dont le prix excède certaines limites (en fait la base de l’amortissement relatif à ceux-ci est plafonnée à 18.300 euros).

A contrario, certains produits non imposables ou imposés selon des règles spécifiques doivent être déduits du résultat fiscal : les bénéfices exonérés du fait d'une disposition spéciale (JEI, ZRR, ZFU), les provisions et charges à payer non déductibles qui sont réintégrées dans les résultats comptables de l'exercice, les plus-values à long terme, les plus-values bénéficiant d'un régime spécial d'exonération.

Le bénéfice dans une société soumise à l'IS

Dans cette hypothèse, le bénéfice est directement imposé au niveau de l'entreprise. Il est déterminé selon des règles similaires à celles applicables en matière de BIC, même si les différences suivantes doivent être relevées :

  • La rémunération versée au dirigeant associé est déductible du résultat imposable (elle doit être réintégrée dans la quote-part de résultat dans les sociétés translucides),

  • Les produits versés par des filiales sont exonérés (régime mère-fille),

  • Les plus-values sur titres de participation sont exonérées,

  • Il est possible de bénéficier du régime de l'intégration fiscale, permettant de déterminer un résultat d'ensemble dans un groupe de sociétés,

  • Les régimes d'exonération des plus-values professionnelles sont moins nombreux,

  • Le régime des plus-values à long terme est plus restreint,

  • Il existe deux niveaux d'imposition. Ainsi, si le bénéfice est imposé au niveau de la société, les dividendes et la rémunération sont imposés au niveau des associés ou des dirigeants,

  • Il existe un régime général de plafonnement des frais financiers,

  • Les déficits sont reportables en avant sur les bénéfices futurs sans limite de temps, et sur l'exercice précédent

Le bénéfice est imposé au taux normal de 33,33%, qui sera normalement ramené à 25% en 2022. Les PME bénéficient en outre du taux réduit de 15% jusqu'à 38.120 euros de bénéfice si elles remplissent les conditions suivantes :

  • Leur capital est intégralement libéré,

  • Elles sont détenues à hauteur de 75% au moins par des personnes physiques ou par des PME contrôlées à plus de 75% par des personnes physiques (holdings familiales).

Le bénéfice des micro entreprises

Les entrepreneurs dont le chiffre d'affaires n'excède pas un certain montant peuvent calculer leur bénéfice de manière forfaitaire, en utilisant un abattement représentant l'ensemble des charges.

Ainsi, dans cette hypothèse, la comptabilité est réduite au strict minimum et il suffit simplement de noter ses recettes.

Ce régime du micro s'applique lorsque le montant du chiffre d'affaires n'excède pas :

  • 33.200 euros pour les prestations de service BIC et les activités libérales,

  • 82.800 euros pour les ventes.

Si la loi de finances pour 2018 reste en l'état, ces seuils seront respectivement portés à 70.000 et 170.000 euros. L'abattement applicable est alors de :

  • 71% du chiffre d'affaires pour les ventes,

  • 50% pour les ventes,

  • 34% pour les activités libérales.

Exemple : Un vendeur réalise 10.000 euros de recettes. Il sera imposé sur 3900 euros. Le montant des recettes doit être porté sur la déclaration 2042 C PRO et l'administration appliquera automatiquement l'abattement forfaitaire.

Les auto-entrepreneur peuvent quant à eux opter pour le prélèvement forfaitaire.

Donnez votre avis :
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.