Le cas de force majeure : quelles conditions ?

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Par Déborha VINDIOLET
Déborha VINDIOLET
Leader comptable chez L'Expert-Comptable.com avec plus de 6 ans d'expérience dans le domaine. Diplômée en DCG et BTS Comptabilité.
L'article en brefLa force majeure en droit diffère sensiblement de sa conception dans le langage courant. Elle implique trois critères stricts et cumulatifs : l'imprévisibilité, l'irrésistibilité et l'extériorité de l'événement. Chacun de ces critères est scruté avec rigueur pour établir la force majeure. Par exemple, une tempête n'est pas systématiquement un cas de force majeure si elle peut être anticipée. L'aspect irrésistible signifie qu'aucune mesure préventive ne peut atténuer ses conséquences, tandis que l'extériorité implique une totale indépendance de la volonté de la personne affectée.

Cette notion a des implications significatives, surtout en matière de droit du travail. Par exemple, en cas de force majeure, un employeur peut contourner la procédure de licenciement habituelle. Des situations comme un incendie détruisant totalement les locaux de l'entreprise peuvent justifier une rupture de contrat de travail immédiate, sans préavis, mais avec indemnisation du salarié. Chaque cas est évalué spécifiquement par les juges, soulignant la complexité et l'importance de bien comprendre les subtilités de cette notion en droit.
Sommaire

La force majeure est juridiquement plus étroite que la force majeure au sens commun. En droit, 3 caractéristiques permettent de l’identifier : l’événement doit avoir un caractère extérieur, imprévisible et irrésistible. L’absence de l’une de ces 3 caractéristiques fait tomber la notion de force majeure. Elle a pour principale conséquence d’exonérer une personne ou une entité de toute responsabilité mais elle peut aussi permettre de s’acquitter d’une procédure habituellement incontournable, comme c’est le cas avec la procédure de licenciement. Cette dernière peut être contournée légalement par l’employeur en cas de force majeure.

Définition de la force majeure

En langage courant, on parle de force majeure pour un événement d’une haute importance, un événement qu’on ne peut pas échapper. En droit, la force majeure est un événement exceptionnel auquel il est impossible de résister.

Caractéristiques de la force majeure

La force majeure, juridiquement, obéit à trois critères cumulatifs. Si l’un d’eux n’est pas rempli, alors la force majeure ne peut pas être invoquée.

  • Un événement imprévisible

L’événement concerné ne doit, par aucun moyen, pouvoir être anticipé ou prévu. C’est pourquoi, juridiquement, une tempête n’est pas forcément un cas de force majeur. Les moyens d’études météorologiques actuels permettent aux professionnels de prévenir par avance ce phénomène. Si un tel événement survenait sans pouvoir être anticipé avec les moyens existants à disposition, alors elle serait considérée comme un cas de force majeure.

  • Un événement irrésistible

Le caractère irrésistible d’un événement est primordial pour que la force majeure soit juridiquement reconnue. Cela signifie qu’il doit être impossible de résister à l’événement. Il est donc impossible de l’éviter. Ou plus précisément, il est impossible d’éviter ses conséquences. Elle est caractérisée dès lors que les conséquences de l’événement surviennent malgré le fait que tout ait été mis en œuvre pour les réduire ou les éviter. Malgré toutes les précautions, les conséquences sont inévitables.

  • Un événement extérieur

Le caractère extérieur de l’événement est également indispensable pour caractériser la force majeure. Ce caractère s’apprécie généralement par rapport à une personne. La personne concernée n’est en rien responsable de la survenance de l’événement. L’événement est totalement indépendant de ce qu’il souhaite, de sa volonté. L’événement ne doit en rien pouvoir être imputé à la personne.

Conséquence de la force majeure

La conséquence de la force majeure n’est pas négligeable : elle exonère totalement la personne de sa responsabilité vis-à-vis des conséquences juridiques de l’événement. Alors que la personne aurait pu être tenue pour responsable des conséquences d’un événement, cette dernière invoque la force majeure qui, si elle est caractérisée, l’exonère de cette responsabilité. La force majeure peut aussi permettre de s’exonérer de certaines procédures. C’est pourquoi la force majeure est appréciée strictement, selon les trois critères cumulatifs vus ci-avant : cela permet d’éviter des abus avec des personnes qui utiliseraient la force majeure pour se dégager de leur responsabilité de manière indue. C’est par exemple le cas d’un salarié qui, en raison d’une très mauvaise météo subite (tempête par exemple), ne peut pas se rendre sur son lieu de travail dans le temps imparti. Il ne peut pas être sanctionné par son employeur car il peut justifier d’un cas de force majeure (la tempête n’était pas prévisible, ses conséquences inévitables et surtout, le salarié n’y est pour rien dans la survenance de cette tempête).

Application de la force majeure en cas de rupture de contrat

La rupture du contrat de travail pour cas de force majeure est prévue légalement. C’est par exemple, le cas où une entreprise subit un événement majeur tel qu’un incendie, une inondation ou une tempête qui détruit la totalité de ses locaux. Dans ce cas, l’employeur peut mettre fin au contrat de travail de ses salariés sans respecter la procédure de licenciement habituellement obligatoire. Là encore, la triple condition s’applique. L’événement doit être extérieur donc non imputable ni au salarié, ni à l’employeur. Il doit être imprévisible lorsque les parties ont signé le contrat de travail. Il doit enfin être irrésistible dans l’exécution du contrat, ce qui signifie que le contrat de travail ne doit plus pouvoir se poursuivre suite à l’événement en question. La rupture du contrat de travail est immédiate, sans aucun préavis. Toutefois, le salarié peut prétendre à une indemnisation. Il peut en effet percevoir un montant pour le paiement de ses congés payés restants non posés ainsi qu’une somme correspondant à l’indemnité de licenciement et de préavis qu’il aurait dû toucher si la procédure de licenciement avait été respectée. La force majeure est appréciée par les juges pour chaque cas, l’appréciation se faisant « in concreto » donc selon les circonstances, chaque cas étant un cas particulier.

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