Contracter un prêt représente un engagement significatif de la part du souscripteur. Le remboursement d’un prêt professionnel n'échappe pas à la règle. Le cycle de vie d’une entreprise est loin d’être linéaire. Il arrive fréquemment que les gérants de société doivent faire face à certaines difficultés financières pouvant peser lourd sur leur capacité de remboursement. C’est alors qu’il peut être intéressant de renégocier son prêt professionnel pour obtenir des conditions d’emprunt plus favorables. Cette opération permet notamment de soulager quelque peu une trésorerie en souffrance.
Pourquoi renégocier son prêt professionnel ? Les 5 raisons
Renégocier un crédit professionnel auprès de l’organisme prêteur peut être motivé par diverses raisons. L’entrepreneur peut ainsi espérer alléger ses charges et dégager un budget pour maintenir le développement de son entreprise.
Les modalités de remboursement sont alors révisées entre les parties, donnant lieu à un nouvel accord. La demande de renégociation peut concerner plusieurs éléments, tels que le montant des mensualités ou encore la durée d'emprunt.
Renégocier un crédit professionnel peut également permettre de bénéficier de taux plus avantageux en fonction des fluctuations du marché financier.
1- Réduire les taux d'intérêt
Qu’il s’agisse d’un crédit immobilier ou d’un prêt professionnel, l’impact du taux d’intérêt est un élément essentiel à prendre en considération. En effet, il agit à la fois sur la durée d’engagement auprès de l’établissement bancaire, mais également sur le montant de la mensualité à s’acquitter.
En premier lieu, il convient de s’assurer que le nouveau taux d’intérêt proposé est intéressant. Pour cela, celui-ci doit se montrer inférieur au taux initial d’au moins 1 à 2 %. Il est à noter que ces taux évoluent dans le temps et sont souvent liés à la conjoncture économique ou immobilière.
2- Adapter les mensualités
Dès lors qu’un entrepreneur rencontre des difficultés de trésorerie, il devient nécessaire de revoir les charges qui pèsent le plus dans sa comptabilité. Les traites mensuelles peuvent également faire l’objet d’une renégociation pour être revues à la baisse. Qu’il soit temporaire ou définitif, cet appel d’air permet au chef d’entreprise de considérer l’avenir de son organisation avec plus de sérénité.
3- Raccourcir ou prolonger la durée du prêt
Qui dit réduire ses mensualités dit également prolonger la durée de son crédit professionnel. En fonction de la situation financière de l’entrepreneur, celui-ci peut choisir de moduler la longévité de son emprunt. Il peut s’agir de :
- rallonger la période d’endettement en vue de réduire le montant des mensualités ;
- recourir à un report d’échéance, ce qui a pour effet de prolonger la durée de crédit ;
- procéder à un remboursement anticipé, dans le but de solder son prêt professionnel au plus vite.
Il faut savoir que cette dernière alternative entraîne des pénalités, occasionnant des frais supplémentaires sur l’ensemble de l’opération financière. Avant d’envisager de renégocier son prêt professionnel, un calcul du montant de remboursement d’emprunt s’impose.
4- Bénéficier de meilleures conditions
Nul besoin de se trouver en difficulté pour solliciter une renégociation de crédit avec l’établissement prêteur. À tout moment, il est possible pour le dirigeant de faire appel à un courtier, afin de reconsidérer ses conditions d’emprunt.
Ce spécialiste est en mesure de présenter les éléments principaux qu’il est préférable d’obtenir pour une renégociation réussie.
Quelle que soit l’option privilégiée, L-Expert-Comptable.com met à disposition des entrepreneurs son outil de calcul pour effectuer une simulation de crédit professionnel en amont du projet.
5- Profiter d’une assurance emprunteur plus avantageuse
Conformément à la loi Lagarde du 1er juillet 2010, l’emprunteur ne peut être contraint par l’organisme prêteur d’adhérer à l’assurance emprunteur que ce dernier commercialise.
De même, cette loi protège le consommateur de voir ses conditions d’emprunt modifiées au motif que ce dernier porte son choix sur une police d’assurance autre que celle proposée par le créancier. Ainsi, le gérant de société est libre de faire jouer la concurrence entre les différents assureurs pour obtenir l’assurance emprunteur la plus adaptée à sa situation, sous réserve que celle-ci présente les garanties nécessaires.
De plus, il faut savoir que depuis 2017, l’Amendement Bourquin vient renforcer cette loi. En effet, ce dernier permet au chef d’entreprise de changer d’assurance emprunteur chaque année, à la condition que le niveau de garantie soit au moins équivalent au contrat initial. Il peut, là aussi, mettre en concurrence les différents organismes prêteurs, et s’assurer des économies substantielles. En revanche, il faut retenir que la loi Bourquin s’applique exclusivement aux crédits à usage immobilier.
Comment savoir si la renégociation du prêt est intéressante ?
Qu’il s’agisse de renégocier un prêt professionnel ou un prêt immobilier, certains points doivent faire l’objet d’une grande vigilance.
Différence de taux d'intérêt
Comme précédemment évoqué, le delta entre le taux d’intérêt initialement fixé et le nouveau taux doit être significatif pour que l’opération financière soit rentable. Idéalement, il doit représenter un minimum de 0,7 ou 1 %. S’il s’avère encore supérieur, il y a fort à parier que le débiteur sortira gagnant de sa renégociation.
Durée restante du prêt
Le taux d’intérêt n’est pas le seul critère à prendre en compte. La durée restante de l’endettement est tout aussi importante. Il est préférable de renégocier son emprunt lors des premières années de remboursement (environ le premier tiers de la période d’emprunt). C’est à ce moment que la part remboursée au titre des intérêts est la plus conséquente.
En outre, l’organisme prêteur doit également tirer parti de cette opération. Cela ne peut être le cas qu’à partir d’un montant minimum de restant dû.
Coût de la renégociation
Dès lors qu’une renégociation est en cours, des frais de dossier sont à prévoir. Il appartient au gérant de société d’apprécier si le coût de l’opération associé aux avantages obtenus demeure à son avantage, ou s’il est préférable de s’abstenir.
Conditions du prêt
Enfin, il va sans dire que renégocier un prêt professionnel implique d’examiner la situation de manière globale. C’est la synergie des différents avantages obtenus qui révèle le niveau de bénéfice réel produit.
Les étapes pour renégocier son prêt professionnel
Renégocier son crédit professionnel ne s’improvise pas et exige de procéder de manière méthodique :
Évaluation de la situation
Pour ce faire, il convient de faire le point sur le taux d’intérêt applicable et celui qui peut être obtenu selon la conjoncture du moment. Il est vivement conseillé d’évaluer la durée de l’encours et le montant total du solde restant.
Étudier le marché
La conjoncture économique, les cours mondiaux et le marché de l’immobilier nous éclairent sur les tendances des consommateurs. Ces indicateurs sont à examiner de près pour connaître la dynamique de l’évolution des taux d’intérêt.
Calculer les coûts
Renégocier un prêt professionnel engendre des dépenses supplémentaires, telles que :
- les frais de dossier ;
- les pénalités de remboursement anticipés ;
- les charges en cas de demande de report des échéances ;
- le coût de l’assurance du crédit ;
- etc.
Ces frais annexes peuvent être lissés dans le nouveau crédit pour faciliter leur prise en charge. Toutefois, ils doivent entraîner une analyse détaillée pour que l’opération se révèle profitable.
Contactez votre banque
L’établissement bancaire signataire du crédit est l'interlocuteur principal pour renégocier son prêt professionnel. Il est donc essentiel de prendre contact avec le courtier responsable du dossier. Ce dernier a un devoir de conseil, ce qui signifie qu'il doit expliquer clairement les différentes alternatives disponibles à l’entrepreneur.
Comparer les offres
Un échange approfondi avec son banquier permet d’obtenir des informations essentielles à mettre en balance avec d’éventuelles offres concurrentes. Il est ensuite nécessaire de solliciter d’autres établissements financiers pour analyser et comparer les propositions commerciales.
Ne vous limitez pas à la première offre que vous recevez. Comparez toujours plusieurs propositions pour trouver la meilleure solution pour votre prêt professionnel.
Finalisation de l'accord
Après avoir comparé les différentes offres, le chef d’entreprise doit prendre une décision finale et convenir des nouveaux termes du contrat de prêt. La renégociation peut porter sur les conditions d’emprunt, la police d’assurance emprunteur ou encore sur des frais accessoires. La signature de l’offre formalise l’accord et détermine les nouvelles conditions d’emprunt.
Suivi régulier du nouveau prêt
Renégocier son prêt professionnel peut s’avérer bénéfique, mais il est important de suivre de près l'amortissement du nouveau prêt. En effet, les coûts générés par cette opération ne doivent pas éclipser le gain financier réalisé sur le coût global du crédit.
Après la renégociation, réalisez un suivi annuel de votre prêt pour vous assurer que les conditions restent avantageuses. Vous pourriez envisager une nouvelle renégociation si les taux baissent encore.
Quelles sont les alternatives à la renégociation d'un prêt professionnel ?
D’autres solutions existent pour retrouver un fond de roulement acceptable et redonner du souffle à une trésorerie asphyxiée.
Le rachat de son prêt professionnel
Dans certains cas, il peut être plus avantageux de procéder à un rachat de crédit plutôt que de renégocier son prêt professionnel. Les résultats d’une renégociation dépendent souvent des compromis obtenus auprès de la banque.
Le rachat de dette implique de solliciter plusieurs établissements financiers et de comparer les offres de rachat proposées. Ces offres sont conçues pour attirer de nouveaux clients, avec des conditions souvent plus favorables que celles du créancier initial.
Un rachat de crédit peut permettre de réduire vos mensualités et de prolonger la durée du prêt, mais soyez vigilant quant aux frais associés. Il est recommandé de demander une simulation de rachat auprès de plusieurs banques pour choisir l’offre la plus avantageuse.
Le regroupement des prêts en cours
Il s’agit d’un autre dispositif permettant d’harmoniser les dettes contractées par la société au titre de son activité. Il s’applique aux :
- artisans ;
- professions libérales ;
- commerçants ;
- et plus globalement aux chefs d’entreprises.
À l’instar d’une renégociation de prêt avec l’organisme actuel, une discussion s’ouvre entre le débiteur et son créancier quant aux nouvelles modalités d’emprunt. La différence réside dans le fait que les diverses dettes professionnelles sont réunies en un seul prêt.
Ce fonctionnement présente l’avantage de n’avoir à honorer qu’une seule mensualité et de disposer d’une seule assurance emprunteur pour l’ensemble des créances dues. Le regroupement des prêts permet ainsi d’alléger les charges et de réaliser des économies sur l’ensemble de la dette.
Les questions courantes sur les prêts professionnels ?
Que regarde la banque pour un prêt professionnel ?
Les établissements bancaires s’appuient sur différents critères pour accorder un crédit professionnel. Afin de bien mesurer les risques encourus, le courtier d’affaires étudie :
- la capacité d’autofinancement (CAF) de la société ;
- la viabilité de l’activité exercée ;
- le montant de l’apport personnel déposé au capital social lors de la création de l’entreprise ;
- la durée envisagée de l’emprunt ;
- le taux d’endettement global de la structure.
Quel est le taux d'intérêt pour un prêt professionnel ?
La Banque Centrale Européenne (BCE) fixe le taux d’intérêt directeur. Celui-ci donne ensuite la tendance des taux d’intérêts que les organismes prêteurs sont en mesure de proposer. En 2024, selon la nature du projet et la durée d’investissement requise, ces taux se situent aux environs de 2% à 7 %.
Les taux d'intérêt peuvent fortement influencer la viabilité d'un projet. Il est donc important de suivre régulièrement leur évolution.
Combien d'apport pour un prêt professionnel ?
Pour financer un projet de création d’activité, il est recommandé de disposer de 30 % du montant total requis. Toutefois, pour une reprise d’activité, un apport de 20 % est généralement demandé, et seulement 10 % pour la construction ou l’achat de murs commerciaux.
Comment demander une renégociation de prêt ?
Un dirigeant souhaitant renégocier son prêt professionnel doit faire part de son intention à son créancier, en envoyant une lettre recommandée avec accusé de réception. Il est aussi possible de faire cette demande par lettre recommandée électronique, qui possède la même valeur juridique.
Dès réception de l'acceptation de la banque, l’emprunteur dispose d’un délai de 10 jours pour se rétracter.
Lors de la souscription d’un crédit professionnel, l’emprunteur s’engage à respecter les conditions de remboursement convenues. Cependant, des fluctuations d’activité ou des imprévus peuvent affecter la santé financière de l'entreprise. Dans ce cas, la renégociation du prêt peut être nécessaire.
En ajustant la durée ou le montant des mensualités, cette opération permet d'atténuer les difficultés financières et de relancer l'activité de l'entreprise.