Mais quel regard portent aujourd’hui les salariés seniors sur leur vie professionnelle ? Songent-ils à s’engager dans une reconversion ? Sont-ils satisfaits du parcours déjà accompli ou, au contraire, nourrissent-ils des regrets ? Et si oui, lesquels ? Sont-ils tentés par l’aventure de l’entrepreneuriat et pensent-ils qu’en la matière, leur âge constitue un atout ou un obstacle ?
Afin de répondre à ces questions, L’Expert-Comptable.com a mandaté l’organisme d’enquêtes statistiques Flashs pour sonder l’opinion de 500 femmes et hommes. Salariés âgés de 45 ans et plus, les répondants livrent un aperçu détaillé de leurs attentes, de leurs sentiments lorsqu’ils se penchent sur leur passé au travail, des opportunités, mais également des freins à devenir leurs propres patrons lorsque l’idée leur paraît séduisante.
Rester dans la même voie
La très large majorité des salariés de plus de 45 ans questionnés dans cette étude souhaitent poursuivre leur carrière dans leur activité actuelle. Ils sont en effet 68% à le dire. 12% songent pour leur part à entamer une reconversion professionnelle, une démarche déjà engagée par 3% des répondants. Plus d’un salarié sur dix (11%) indique n’avoir encore rien décidé quant à son avenir, les femmes étant plus nombreuses que les hommes dans cette situation (15% contre 6%), tandis que 6% ont la retraite en ligne de mire dans moins d’un an.
La majorité des salariés seniors éprouve des regrets
Chiffre fort, 63% des salariés seniors expriment des regrets en repensant à leur parcours professionnel. Parmi eux, 34% auraient aimé suivre une voie différente ou explorer d’autres domaines que ceux qui ont jalonné leur vie professionnelle. En regardant dans le rétroviseur, 15% estiment qu’ils auraient dû prendre plus de risques au cours de leur carrière, tandis que dans des proportions similaires, 14% déplorent de ne pas avoir consacré plus de temps à leur vie personnelle. Ce dernier constat est particulièrement présent parmi les cadres et les professions intellectuelles supérieures, qui sont quelque 22% à l’exprimer.
Les regrets se conjuguent au féminin
Lorsqu’on leur demande de qualifier le regard qu’elles portent sur leur passé professionnel, les personnes interrogées expriment majoritairement (61%) des sentiments positifs, 35% disant ressentir de la satisfaction et 26% de la fierté. Toutefois, un quart d’entre elles (23%) témoignent de leur insatisfaction : près d’une sur cinq (18%, et 22% chez les ouvriers) éprouve des regrets, voire, pour 5% une sensation de gâchis. Enfin, 16% disent être nostalgiques en déroulant le film de leur carrière.
En l’espèce, de nettes différences de perception émergent entre les femmes et les hommes. Les premières sont nettement plus nombreuses à cocher les cases regrets et gâchis (29%) que leurs homologues masculins (19%). Et l’écart varie presque du simple au double sur le seul sentiment de gâchis (7% contre 4%). À l’inverse, les hommes sont clairement plus satisfaits (38% contre 31%) ou fiers (30% contre 22%) lorsqu’ils se penchent sur leur passé au travail. Ces résultats illustrent les contraintes spécifiques rencontrées par nombre de femmes, à l’exemple des interruptions de carrière liées aux maternités et à l’éducation des enfants, ou encore des inégalités salariales subies, certes en régression, mais toujours présentes.
Entreprendre, une option pour un salarié senior sur cinq
Alors qu’ils ont franchi plus ou moins largement la deuxième moitié de leur vie professionnelle, les salariés sont-ils tentés par l’aventure de l’entrepreneuriat ? Près d’un sur cinq répond par l’affirmative, 4% indiquant qu’il s’agit pour eux d’une véritable option et 15% d’une possibilité envisageable. Plus de six sur dix (62%) écartent en revanche clairement cette perspective, tandis que 19% auraient été tentés, mais empêchés par différentes contraintes. C’est parmi les répondants appartenant à la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures que l’envie d’entreprendre est la plus forte : 47% y songent ou auraient aimé se lancer contre 41% parmi les professions intermédiaires et 33% chez les ouvriers et employés.
Appelées à préciser sous quelle forme elles envisageraient d’entreprendre, les personnes séduites par cette idée placent largement en tête la création d’une petite entreprise personnelle de type autoentrepreneur (54%), puis la reprise d’une entreprise existante (17%) ou encore l’investissement dans une société ou une start-up, mais sans être directement impliquées (14%).
Le choix de l’indépendance et de la liberté
S’ils caressent l’idée de se mettre à leur compte, les salariés de plus de 45 ans sont avant tout motivés par l’indépendance et la liberté d’action que leur procurerait ce statut. Près de quatre sur dix (39%) sont dans ce cas. Viennent ensuite la possibilité de transformer leur passion en activité professionnelle (28%), la perspective de mieux gagner leur vie (16%) et l’opportunité d’avoir un impact positif sur leur environnement (11%). Enfin, ce serait pour 6% l’occasion de rompre avec leur routine.
Et si c’était à refaire, combien de salariés seniors se lanceraient dans l’entrepreneuriat en début de carrière ? 38% répondent par l’affirmative, dont 9% sans hésitation et 29% probablement. En l’occurrence, les hommes sont plus nombreux à dire qu’ils auraient aimé créer leur entreprise à l’aube de leur vie professionnelle : 46% sont dans ce cas contre 30% parmi la gent féminine.
L’âge, atout ou obstacle ?
Quitter le salariat après 45 ans pour commencer une activité indépendante suppose de bien peser ses atouts et ses points de faiblesse. Si 30% des répondants (37% des cadres et 35% des hommes) estiment que leur expérience, leur maturité ou encore les réseaux dont ils disposent constitueraient d’indéniables forces, plus de quatre sur dix (43%) voient dans leur âge une source probable d’obstacles, qu’il s’agisse de conquérir des marchés, de disposer de suffisamment d’énergie pour ce faire, ou encore de rassembler les fonds nécessaires.
La question financière est d’ailleurs celle qui est la plus citée comme potentiel frein à créer ou reprendre une entreprise après 45 ans. 35% des femmes et des hommes font ainsi état de leur inquiétude quant à leurs revenus futurs et aux charges inhérentes, et 21% redoutent d’avoir une surface financière insuffisante pour se lancer. Les questionnements relatifs à la santé et au rythme de travail que suppose une telle bascule sont également présents pour 16% des répondants, de même que la difficulté à acquérir de nouvelles compétences passées un certain âge (13%).
Enquête réalisée par FLASHS pour L-Expert-Comptable du 7 au 14 novembre 2024 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 2 000 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus représentatif de la population française, dont a été extrait un échantillon de 500 salarié(e)s âgé(e)s de 45 à 64 ans.