Comment valoriser son entreprise ? les méthodes à connaître

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Par Guillaume DELEMARLE
Guillaume DELEMARLE
Expert-comptable avec plus de 9 ans d'expérience. Spécialisé dans l'accompagnement des TPE et créateurs d'entreprise.
L'article en bref
  • La valorisation d’une entreprise vise à évaluer séparément l’actif et le passif pour obtenir sa valeur réelle.
  • Elle est essentielle pour des situations telles que la vente, la cession de parts ou l’obtention de financements.
  • Les méthodes principales incluent l’approche actuarielle, comparative et par les sociétés comparables.
  • La méthode DCF (discounted cash flow) est incontournable pour évaluer les entreprises innovantes.
  • L’approche comparative s’appuie sur des ratios et des entreprises similaires pour affiner l’évaluation.
  • Les ratios clés incluent le Price Earning Ratio (PER), le rapport prix/livre et le ratio prix/ventes.
  • Le choix des critères d’échantillonnage et la qualité des comparaisons sont cruciaux pour une valorisation précise.
Sommaire

Qu’est-ce que la valorisation ?

Définition

La valorisation de l’entreprise consiste à évaluer séparément chaque élément de l’actif (biens que possède l’entreprise) et du passif (dettes et provisions pour risques et charges) inscrits au bilan de l'entreprise afin d’obtenir un “actif net” corrigé et réévalué.

Cet actif correspond donc à la valeur de l’entreprise.

L’objectif est d'évaluer financièrement la somme que devrait verser une personne physique ou morale pour acquérir 100% du capital de la société.

Pourquoi valoriser son entreprise ?

D’une manière générale, les valeurs comptables d’un actif ou d’un passif ne reflètent pas leur valeur réelle. Dans une situation de vente ou de cession d’entreprise, il est préférable d’avoir une valeur réelle et claire du patrimoine possédé et de la richesse générée.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles un chef d’entreprise valorise son entreprise :

  • Connaître la valeur économique de son patrimoine en vue d’une cession de parts (SCI) sociales, une cession d’actions (SAS) ou de titres

  • estimer la valeur de l’entreprise afin de mieux la positionner sur le marché des entreprises

  • Mettre en place une gestion d’entreprise la plus efficace possible afin d’accroître la valeur de l’entreprise

  • Se renseigner sur les forces et les faiblesses de l’entreprise afin de mieux gérer les ressources et guider les stratégies

  • Déterminer une stratégie de développement en se basant sur la valeur réelle de l’entreprise et son vrai potentiel

  • Détecter les lacunes, les manquements afin de trouver des solutions

  • Présenter un business model afin d’obtenir un financement et ainsi convaincre les banquiers

  • Convaincre les partenaires financiers à investir dans le capital de l’entreprise

  • Améliorer le potentiel de développement de l’entreprise ainsi que sa rentabilité

  • Évaluer les ressources financières de l’entreprise en vue d’une cession à juste prix

  • Déterminer précisément le montant des impôts sur les dividendes et les plus-values

À quel moment valoriser son entreprise ?

Valoriser son entreprise peut se faire à tout moment : que ce soit pour améliorer le fonctionnement interne de l’entreprise ou convaincre des investisseurs de financer votre projet.

Toutefois, cette étape d’évaluation de société est essentielle pour le chef d’entreprise au moment où il souhaite :

  • vendre son entreprise

  • céder des parts de son entreprise

  • déterminer la valeur de ses impôts et taxes

  • acquérir une nouvelle entreprise ou des actions

Les 4 éléments pour évaluer les entreprises

L’évaluation de l’entreprise peut prendre différents aspects en compte, que ce soit du point de vue de l’acheteur ou du vendeur :

  1. La valeur objective de la société : lorsque les 2 parties connaissent chacun toutes les informations relatives à l’entreprise

  2. Les éléments subjectifs : liens personnels et affectifs entre le vendeur et sa société, volonté de vendre rapidement…

  3. La qualité de la négociation

  4. La capacité de l’entreprise à dégager un résultat permettant le remboursement de la dette contractée pour son achat

Les différentes méthodes

Il existe plusieurs manières d’appréhender la valorisation financière de l’entreprise. C’est à vous de choisir l’approche qui correspond le mieux à votre situation et vos objectifs.

Il existe 3 principales méthodes.

Valorisation entreprise

L’approche actuarielle

L’approche actuarielle consiste à estimer les flux de revenus futurs générés par l’entreprise en considérant le risque de l’actif économique.

Cette approche se base sur le postulat suivant : l’acheteur présumé de l’entreprise ne va pas acheter les flux passés de l’entreprise mais les flux futurs. C’est pourquoi il est nécessaire d’actualiser les flux de trésorerie à un taux qui reflète le mieux le risque de l’entreprise. Ce taux est appelé taux d’actualisation.

Il existe différents modèles d’approche actuarielle.

Modèle Gordon Shapiro

Principe : Le prix d’une action correspond à la somme des flux futurs, actualisés au taux de rentabilité exigé des actionnaires, des dividendes que l’entreprise va générer.

Ce modèle repose sur différentes hypothèses :

  • Hypothèse de croissance perpétuelle des bénéfices : chaque année, les dividendes augmentent à un taux constant

  • Le taux de distribution des bénéfices (pay-out ratio) est identique tous les ans

  • La période de distribution des dividendes est infinie

 

On obtient donc la formule d’actualisation des dividendes permettant la valorisation des entreprises de la société :

V = D/(r-g)
 

V : valorisation

D : dividende de l’année retenue

r : taux de rentabilité exigé par les actionnaires

g : le taux de croissance des bénéfices

Cette méthode n’est pas une science exacte et a de nombreuses forces et faiblesses. Bien que très connue, elle est très peu utilisée car les hypothèses sont trop simplificatrices.

Modèle Bates

Principe : le modèle Bates complète le modèle Gordon Shapiro en présentant un aspect plus réaliste : il tient compte des bénéfices futurs et du pay-out ratio afin de ne pas simplement considérer que le dividende.
 

Cette valorisation permet également de diviser la période totale d’observation en sous-périodes pour prendre en compte les différentes fluctuations qu’il peut y avoir sur une longue période. Il est en effet possible de modifier les paramètres de la formule utilisée dans la méthode Gordon Shapiro.

Méthode d’actualisation des “free cash flows” ou méthode DCF

Principe : l’entreprise évaluée est considérée comme étant une entité à part entière dont la valeur ne dépend pas de son bénéfice mais de sa capacité bénéficiaire qui est mesurée par ses “free cash-flows” ou flux de trésorerie disponibles.

Cette méthode est principalement utilisée pour la valorisation des sociétés innovantes qui ne dégagent pas forcément de bénéfices les premières années d’activité et pour qui alors l’actualisation des bénéfices n’a aucun sens. De plus, les cash-flows représentent de façon plus réaliste le potentiel de création de valeur de l’entreprise puisque ceux-ci peuvent être réinjectés au sein de la société.

Cette méthode est utilisée presque systématiquement pour valoriser les sociétés, mais elle est systématiquement complétée par d’autres méthodes de valorisation afin d’être pleinement efficace (prise en compte du secteur et des autres concurrents) pour valoriser une société.

Approche comparative

Principe : Compléter les approches actuarielles avec des faits réels et qu’il nous est possible de comparer (concurrents, chiffres, caractéristiques de secteurs) pour rendre plus de légitimité aux calculs effectués.

L’approche comparative se base sur différents éléments via des exemples comparables dans son processus de valorisation d’entreprise :

  • Des entreprises comparables au profil semblable notamment en termes de taille, marché, risques

  • Des transactions comparables

  • Des indices de références (CAC 40, Le Nouveau Marché…) utilisables si l’entreprise est représentative du marché

  • Un même secteur d’activité de référence si l’on considère que l’entreprise présente des caractéristiques représentatives d’un secteur particulier

Approche par les sociétés comparables

Principe : comparer un certain nombre de sociétés similaires (le “peer group”) ou un secteur d’activité afin de faire ressortir des ratios et multiples de valorisation permettant ainsi d’établir une juste évaluation des différentes sociétés.

Grâce à ces mesures (ratios, multiples), les entreprises pourront établir des moyennes et ainsi évaluer leurs sociétés. Cette méthode de valorisation, aussi appelée méthode des comparables, est très utilisée pour les entreprises cotées puisque les informations de celles-ci sont totalement transparentes et de fait très faciles à récolter et comparer, mais elle est aussi utilisée pour comparer les entreprises non cotées.

Cette méthode est largement utilisée en raison de sa capacité à être très réactif au marché. Elle permet de réagir à un instant t, au prix du marché par une entreprise donnée, c'est-à-dire au prix auquel un acheteur est prêt à acheter ce produit.

L'enjeu et la difficulté de cette méthode résident dans le choix des critères de l'échantillonnage : il faut qu'ils soient homogènes et que les entreprises choisies soient les plus similaires possibles.

Les différents ratios à connaître

Le Price Earning Ratio (PER)

Le ratio capitalisation sur dividendes

Le rapport prix/livre (PBR)

Le Ratio Prix/Ventes (PSR)

Il permet de comparer rapidement des sociétés aux profils similaires.


 

Il correspond au rapport cours bénéfice d'une société.


 

Plus le PER est bas et plus l'entreprise est bon marché.

Il permet de mesurer le retour sur investissement


 

Il prend en compte le dividende versé et non le bénéfice en mesurant le véritable délai de récupération : le revenu que touchera l'actionnaire.

Il correspond au rapport capitalisation sur Actif Net Comptable.


 

2 manières de calculer :

ANC = Actif comptable - actif fictif - dettes

ANC = Capitaux propres - actifs fictifs


 

S'il est inférieur à 1, cela signifie que la société vaut moins que sa valeur comptable.

Il permet d'évaluer l'entreprise à partir d'un multiple de ses ventes.


 

Le chiffre d'affaires est considéré comme une donnée plus fiable et homogène que le bénéfice est une donnée brute et qui peut être modifié par le chef d'entreprise via le système de « comptabilité créative »


 

Calcul : (capitalisation + endettement net) / Chiffre d'affaires

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